En Alsace, on sait anticiper …
Dans un petit village reculé du Sundgau (Haut-Rhin), un très vieil homme était étendu, mourant, dans son lit.
Soudain il sentit l'odeur des Fasenachtschànkele (beignets de carnaval).
Il prit le peu de force qui lui restait pour se lever du lit.
Se tenant contre le mur, il se dirigea hors de la chambre à coucher.
Et avec un plus grand effort, il descendit l'escalier en tenant la rampe avec ses deux mains.
En respirant péniblement, il se tint dans le cadre de la porte, regardant vers la cuisine.
S'il n'avait pas été à l'agonie, il se serait cru déjà rendu au ciel !
Là, dans la cuisine, sur la nappe, il y avait des centaines de
ses beignets favoris.
Était-il déjà au Ciel, un avant goût du Paradis ?
Était-ce un acte héroïque de sa femme dévouée désirant qu'il quitte
ce monde en homme heureux ?
Dans un ultime effort, il rampa vers la table.
Se soulevant péniblement avec ses mains tremblantes, il tenta de
prendre un Schànkala.
A ce moment précis, et de manière soudaine, il reçut un coup de
spatule que lui donna sa femme :
- Touche pas ! dit-elle ... C'est pour l'enterrement !!!